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Crédit photo : Martina Orska
Artiste pluridisciplinaire, Pascale Zintzen, fondatrice d’Oikos Estudio, a toujours évolué dans un univers où la création est essentielle. Formée à la peinture, au dessin et à la sculpture, elle enrichit son regard par des études en archéologie et histoire de l’art avant de se consacrer pleinement à la céramique. Entre Barcelone et la campagne du Delta de l’Èbre, elle façonne des pièces empreintes de poésie, mêlant terre, pigments naturels et influences méditerranéennes. Sa collaboration avec Sessùn Alma illustre une affinité profonde pour l’artisanat et les matières brutes, ancrant son travail dans une approche où chaque objet porte une histoire singulière.
Pouvez-vous nous raconter votre parcours et votre formation ? Quelles expériences vous ont menées vers la céramique et une approche multidisciplinaire de l'art ?
J'ai toujours été engagée dans un processus créatif. Adolescente, je fréquentais presque quotidiennement une école artistique en parallèle de l'école traditionnelle, où j'ai appris la peinture, le dessin et la sculpture pendant six ans. À 18 ans, bien que passionnée par l'art comme pratique directe, j'ai choisi d'étudier l'archéologie et l'histoire de l'art à l'université, ce qui a enrichi mon vocabulaire esthétique, notamment en ce qui concerne les objets domestiques anciens. Par la suite, j'ai également obtenu un diplôme en tapisserie traditionnelle, où j'ai concrétisé mon amour pour le geste artisanal, la fabrication lente et le bonheur du travail en atelier.
Ces expériences ont nourri mon approche multidisciplinaire, intégrant la terre, la peinture et le tissage. Plus tard, en 2020, on m’a offert une classe de céramique pour apprendre le montage à la main, au colombin, plaques… Et à partir de ce jour-là je n’ai pas passé plus de 48h sans travailler la terre.
Comment est née votre collaboration avec Sessùn Alma ? Que représente-t-elle pour vous, tant sur le plan artistique que personnel ?
Ma collaboration avec Sessùn Alma est née, je crois, d'une affinité naturelle entre nos univers respectifs. Nous partageons une passion pour l'artisanat, les matériaux naturels, le vrai, le beau, les vêtements et les objets qui durent…
Nous avons démarré notre collaboration avec une sélection de pièces céramiques pour les boutiques de Barcelone et de Marseille, puis pour le nouveau flagship de Paris Bachaumont. Sur le plan personnel et professionnel, c'est une expérience géniale pour moi, qui me permet de partager mon travail avec une marque, une enseigne que j’adore depuis toujours, et de montrer mon travail à un public plus large.
Quelles affinités ressentez-vous avec l'univers de Sessùn ?
L'univers de Sessùn résonne profondément avec mon travail artistique. Les matériaux naturels, humbles, crus, primitifs. Leur engagement envers l'artisanat et la durabilité correspond aussi à ma propre approche de la création, travaillant chacune de mes pièces lentement, en respectant le temps nécessaire au processus. Je crois qu’on se retrouve autour d’un goût pour la sophistication des matériaux pauvres, primitifs, traditionnels. Un goût pour le travail de la main, aussi, tout simplement.
Quelles sont les influences majeures qui nourrissent votre processus créatif ?
Mes études et mon passé d’archéologue sur le terrain (en fouilles) archéologie m’ont sensibilisée à l'esthétique des objets quotidiens anciens et à leur fabrication. Cela constitue mon vocabulaire de base. L'esthétique Wabi-Sabi, qui valorise la beauté de l'imperfection, guide également mon travail. Après, la vie méditerranéenne, avec sa lumière, ses textures et ses paysages, imprègne mes créations.
Enfin, et surtout je crois, la maternité, la monoparentalité et la vie quotidienne que cela implique influencent profondément mon art, qui parle de féminisme, du ‘soin’ et de la créativité. Ma situation personnelle est à la fois un empêchement et un trampoline incroyable.
Si vous deviez choisir une pièce emblématique de votre travail, laquelle serait-ce et pourquoi ?
Si je devais choisir une pièce emblématique de mon travail, présente dans différentes boutiques Sessùn, ce serait le BUFFALO MOON. Cette pièce sculpturale, que je façonne à la main et décore avec différentes couleurs issues des pigments naturels que je récolte, symbolise à elle seule tous les thèmes évoqués plus haut : le pouvoir du féminin, la mythologie, l’objet magique pour la maison…
Entre Barcelone et la campagne du Delta de l'Èbre, comment votre environnement façonne-t-il votre inspiration et votre pratique artistique ?
La dualité entre la vie urbaine à Barcelone et la tranquillité de la campagne du Delta de l'Èbre enrichit énormément notre quotidien. La ville offre une énergie vibrante, une richesse culturelle et des interactions très chouettes : du skate pour mes deux garçons, qui en sont hyper passionnés, et de plus en plus d’autonomie pour eux...
La campagne, elle, nous apporte le silence, la nature et une vie dans un espace hyper simple, avec des panneaux solaires et une eau de citerne. Une petite maison blanche, ancienne demeure de cultivateurs d’oliviers, au charme fou. C’est aussi là que nous nous promenons beaucoup, et que je récolte la plupart des pigments naturels que j’utilise pour les engobes qui décorent mes céramiques.
Votre atelier-maison en pleine nature semble être au cœur de votre processus créatif. Pouvez-vous nous en parler et nous décrire une journée type dans cet espace ?
Ma maison-atelier, nichée en pleine nature, est un véritable sanctuaire et refuge. Une journée typique commence souvent par le silence du matin, le chant des oiseaux et une petite balade avec Nala, notre chien. Avec mes enfants, Marius et Billy, on adore faire nos petites courses au village. On y va souvent à pied, la promenade est sublime. J’en profite pour récolter du thym pour les tisanes du soir. Lors d’une journée idéale, les enfants ouvrent leur restaurant, "Les Frères", me proposent leur menu et cuisinent pour moi pendant que je travaille à l’atelier, situé en extérieur, derrière la maison. Ensuite, on joue, on lit, on va souvent à la plage l’été. Je travaille beaucoup dans les interstices ; je m’y suis habituée. C’est ainsi, le temps que les enfants grandissent. Je ne me bats pas contre, mais je le prends comme une "limite-atout", une énergie, une manière de travailler.
Quel message souhaitez-vous transmettre aux personnes qui découvrent et interagissent avec vos œuvres ?
À travers mes œuvres, je souhaite transmettre un message de force, de poésie et de sororité.
Quelles sont vos ambitions pour Oikos Estudio ?
Mon ambition pour Oikos Estudio est de continuer à explorer et à repousser les limites de la création multidisciplinaire en intégrant de nouvelles techniques (je souhaiterais intégrer le bois, le métal et le verre… à terme). J’ai l'ambition d’exposer de plus en plus en galerie d’art, tout en continuant à proposer mon travail dans des boutiques et showrooms que j’aime, comme Sessùn. Je réalise des pièces de plus en plus grandes et volumineuses, et avec l’acquisition, si tout va bien, d’un second four céramique beaucoup plus grand en 2025, je pourrai réellement développer mon travail dans cette direction. Mon ambition, surtout, est de pouvoir travailler, "keep the process and do the job", chaque jour, et d’obtenir la reconnaissance nécessaire pour continuer à créer, grandir dans mon art et faire vivre ma super jolie petite famille grâce à cela. L’art, pour moi, est un moyen de tisser des liens, de raconter des histoires et de construire un monde plus beau, plus humble et plus sincère. On en a tellement besoin.
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