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Judith Lasry créé des pièces uniques, qu'elle modèle entièrement à la main, chez elle, en Bourgogne. De passage à Paris, elle nous a reçu dans les locaux de son collectif Gangster.
Le temps d’une discussion, nous avons eu la chance de la voir façonner devant nos yeux éblouis une coupe à la fois ronde et élancée. Une création authentique et singulière, traversée d’instinct et de poésie, comme Judith toute entière.
Qui es tu ?
Cela dépend des heures.
Peux-tu nous résumer ton parcours, quand et comment as tu commencé ton travail de céramiste ?
Il y a 4-5 ans, par amour de la nourriture et du vin, des plaisirs de la table et de la sensualité des matières.
Déjà pendant mes études en design je travaillais sur des projets en rapport avec l'alimentation, mais n'avais aucune envie de rester assise derrière un ordinateur, d'avoir des horaires, et d'autres injonctions de ce genre. J'habitais sur la vivante place du marché d'Aligre, je buvais souvent des verres de vins délicieux chez Agrology, une épicerie-cave à côté de chez moi ou Nathalie et Olivier sourcent des produits de grande qualité qui goûtent la pureté. Je leur donnais des céramiques que je modelais dans mon 15m2, puis un jour ils ont voulu un vrai service, une quarantaine de pièces, carte blanche. Je n'avais pas d'atelier, ça m'a pris un an pour me débrouiller à réaliser les pièces. Puis, un restaurant voisin (Dersou) m'a commandé des assiettes. Ces personnes, amis et premiers clients, ont cru en moi et m'ont finalement aidé à me lancer dans cette direction. J'avais envie de créer de nouvelles choses, ça m'a plu, j'ai cherché des ateliers. Après un passage à Bruxelles, je rencontre notre futur collectif Gangster à Paris. Puis une envie de grands espaces, d'environnement plus brut et plus simple, m'ont fait quitter la ville pour être en phase avec ma pratique et mes aspirations.
Parle nous de tes créations et de ton travail, où puises tu tes inspirations ?
Mes inspirations, je ne sais pas vraiment, mais sûrement pas dans le monde du visuel.
Je travaille à l'instinct, au toucher, sauvagement. Rien n'est préparé à l'avance, pas de dessins ni de plans, les textures me parlent beaucoup. J'aime faire des pièces que l'on touche, qui sont dans notre quotidien, avec lesquelles ont vit.
Et bientôt je vais cuire au bois, une cuisson de 2 jours à laquelle il faut être présente et active, un process qui remet en question notre rapport à la création et au temps.
A quoi ressemble ta journée type ? (La première chose au réveil, et la dernière avant de te coucher ?)
Je vis en pleine campagne isolée sur une colline, alors neige ou canicule, je sors sentir les premières lumières. Ensuite, l'été, je fais un tour de la maison, l'hiver j'active le feu de cheminée.
Pour sombrer, des lectures et de grandes respirations aux gouttes d'huile essentielle de ravintsara.
Le goût ou l’odeur qui te rappelle le plus de souvenirs (ta madeleine de Proust) ?
Le goût et l'odeur de la tarte aux quetsches du jardin. Une pâte feuilletée, des prunes jetées par la main de ma maman sur la poudre d'amande, et mes yeux collés à la vitre du four observant la transformation de couleur du fruit, ce passage du vert violet au fuchsia acidulé et juteux me fascine complètement.
Sinon, l'odeur des cédrats piquetés de clous de girofle qui se baladaient dans le buffet.
3 choses que l’on est sûr de trouver dans ton sac à main ?
Mon couteau pliant, mon permis de conduire, et de l'huile d'argan.
Le vêtement qui te correspond le mieux ?
Un jean taille haute bien coupé, à la toile lourde. Vêtement que je porte depuis très longtemps, même quand le taille basse était à la mode.
Quel est ton rapport à la mode ?
Androgyne : habillée avec les vêtements de mes frères, je ne quitte pas leur veste de bucheron. Mais j'adule les pièces que j'ai gardé de ma mère, qui avait la vingtaine en 1968. Mon quotidien est fait en jean/t-shirt, pourtant dans les placards j'ai de quoi vêtir tout un carnaval.
Que t’inspire Sessùn ?
La femme belle à tout âge, citadine, douce, sensuelle, puissante, vive et colorée.
Ta pièce préférée de la collection actuelle ?
L'énorme pull orange "Pitkin gold", ou le plus délicat "Jammy cactus flower" couleur lie de vin.
Où te vois tu dans 10 ans ?
En pleine santé.
Merci Judith !
Pour suivre le travail de Judith, rendez-vous sur son instagram