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Photograhies : FLORIAN TOUZET
A l’occasion du lancement de notre ligne de cuisine Recollection pensée autour de la revalorisation, de la solidarité, et du savoir-faire, nous avons collaboré avec le duo créatif Azur. Chacune des pièces de la collection a été réalisée à partir de chutes de nos tissus et teinte à la main dans leur atelier marseillais. C’est à cette occasion que nous les avons rencontrées afin d’en découvrir un peu plus sur leur univers.
Azur est une marque de prêt-à-porter profondément engagée dans la construction d’une chaîne d’approvisionnement saine et transparente, avec des matériaux naturels provenant de sources responsables et en collaboration avec des artisans locaux.
POUVEZ-VOUS VOUS PRÉSENTER ET NOUS RACONTER VOTRE PARCOURS ?
Lisa Guedel-Dolle : Diplômée bachelor en design graphique à l’ECAL (Lausanne, Suisse), je fonde ensuite, un studio de graphisme et de direction artistique, œuvrant principalement dans les champs de l’édition et de l’identité visuelle. En parallèle, je suis graphiste et directrice artistique digitale pour un magazine de mode.
Lisa Favreau : Diplômée d’un BTS en design textile et matériaux à l’ESAA Duperré (Paris), j’ai ensuite été styliste au sein du département Environnement d’un bureau de style, avant de travailler comme set designer indépendante.
En 2018, nous emménageons à Marseille avec l’intention de monter un projet créatif qui met l’accent sur le développement durable et l’artisanat, en lien avec la nature et le territoire sur lequel nous habitons.
COMMENT LE PROJET AZUR EST-IL NÉ ?
Nous étions de moins en moins à l'aise avec le fait que notre travail soit souvent trop éloigné de nos convictions, et avons commencé à penser que nous pourrions utiliser nos compétences créatives et notre énergie de manière plus vertueuse. Petit à petit, le projet a commencé à prendre forme dans notre esprit.
Bien avant de devenir un projet de vêtements, Azur était avant tout une volonté forte de changer notre façon de travailler, de créer et d’aller vers une pratique plus durable. Au début, nous ne savions pas si cela allait se matérialiser en objets, en meubles ou en vêtements. Faire des vêtements véritablement éthiques et éco-responsables s'est avéré être un véritable challenge.
COMMENT AVEZ-VOUS DÉVELOPPÉ CET INTÉRÊT POUR LA TEINTURE NATURELLE ?
Durant la phase de développement du projet, nous étions à la recherche de procédés de fabrication naturels et écologiques. Nous sommes tombées un peu par hasard sur la teinture naturelle qui nous a immédiatement passionnées. Pouvoir transformer un tissu blanc en une palette de couleurs infinies, grâce à des plantes et de manière non-polluante, est fascinant. Nous nous sommes ensuite documentées et formées, et après plusieurs mois de pratique et d’expérimentation, nous avons pu teindre nos premières pièces.
COMMENT S’EST PASSÉE VOTRE RENCONTRE AVEC SESSÙN ?
Nous avons rencontré l’équipe de style de Sessùn il y a un an. Nous avons été contactées dans le but de faire un projet de teinture végétale sur des tissus issus de fins de stock dans le but de créer des pièces de linge de maison upcyclées.
Étant sensible dans notre travail à un mode de production respectueux de l’Homme et de la nature, nous avons tout de suite été partantes pour participer à une collection comme celle-ci, et c’est alors tout naturellement que nous avons démarré ce projet.
POUVEZ-VOUS NOUS PARTAGER LE PROCESSUS DE CRÉATION DES TABLIERS ET TORCHONS CRÉÉS POUR SESSÙN ALMA ?
Parmi notre grand nuancier de couleurs en teinture naturelle, nous avons choisi, en collaboration avec l’équipe, deux teintes complémentaires et harmonieuses, un ocre et un terracotta. Chacune de ces couleurs nécessitant un processus de teinture différent propre à la plante et dépendant du tissu employé, des tests ont été fait à petites échelles pour définir au mieux la palette.
Le terracotta a été teint à froid avec du cachou, un cousin de l’acacia. Les pièces sont trempées plusieurs jours dans des grandes bassines d’eau froide avec les plantes réduites en poudre préalablement mélangées à l’eau.
L’ocre a été teint à chaud avec des écorces de chêne et des fleurs de coréopsis. Les pièces sont plongées dans une cuve d’eau à 80° avec les plantes dans laquelle nous devons remuer sans cesse pour que la couleur soit la plus uniforme possible.
La teinture végétale est un procédé artisanal où les tissus doivent être préparés dans du vinaigre avant d’être teint pour recevoir au mieux la couleur et la fixer pour longtemps.
Nous avons choisi pour ce projet, par souci d’économie d’eau, de travailler avec la technique de l’épuisement de bain. Les torchons, tabliers et tote bags ont été plongés successivement par lot dans la cuve d’eau à 80° pendant une heure. Entre chaque bain, nous avons ajouté des plantes avant de teindre le lot suivant. Cette technique donnant des variations dans les hauteurs de teintes, chaque pièce est alors unique, ce qui fait le charme de ce procédé.
QUELLES SONT VOS PLUS GRANDES INSPIRATIONS ?
Azur, c’est d’abord une recherche sur la matière et la couleur. Plus qu’un vêtement, c’est une matière à porter. L’esthétique de la marque est induite par les matériaux et procédés de fabrication locaux, éthiques et éco-responsables avec lesquels nous choisissons de travailler. Le style d'Azur découle des matières et savoir-faire que nous découvrons.
VOUS TRAVAILLEZ EN CE MOMENT SUR VOTRE NOUVELLE COLLECTION, POUVEZ-VOUS NOUS EN DIRE UN PEU PLUS ?
Pour notre prochaine collection qui sortira au printemps, nous avons continué d’explorer la soie plissée et la teinture naturelle. Nous avons élaboré une palette estivale dans les tons de beiges, de roses et de rouge que nous avons hâte de révéler.
En parallèle, nous développons de nouvelles pièces pour l’hiver : une collection de soie plissée et de pièces uniques en laine tout en nuances d’indigo.
À l’avenir, on souhaiterait développer une plus grande gamme de produits, et ouvrir notre recherche à d’autres matériaux et d’autres techniques, mais toujours avec les mêmes valeurs humaines et environnementales qui sont les fondements d’Azur.
