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En 2020, la styliste et photographe Aurélie Lecuyer lançait Grès Ceramics : une collection de lampes en terre cuite émaillée, façonnées par le potier Benoît Audureau, avec qui elle travaille main dans la main.
Nous sommes allés visiter leur atelier installé dans le Maine et Loire, où Benoît donne forme aux dessins d’Aurélie en travaillant des argiles locales, issues de briqueteries ou de petites poteries environnantes.
L'occasion pour nous d'échanger avec Aurélie Lecuyer sur l'origine de ce projet.
PEUX-TU TE PRÉSENTER ET NOUS RACONTER TON PARCOURS ?
Je suis née à Paris, puis j'ai grandi sur la côte Atlantique. J'ai ensuite suivi des études de stylisme à La Chambre Syndicale de la Couture Parisienne, puis travaillé dans différents bureaux de style. Par la suite, mon travail a évolué vers la photographie.
Aujourd'hui je vis près de l'Océan, depuis la naissance de mes enfants, et mon activité mélange le style et la photo !
PEUX-TU NOUS PARLER DE "GRÈS CERAMICS”, COMMENT CE PROJET EST-IL NÉ ?
Ce projet est né après avoir chiné des lampes anciennes en céramique, notamment celles d'un atelier qui s'appelait Grès du Marais, qui n'existe plus aujourd'hui.
J'avais envie de travailler sur un projet autour de l'objet et de l'artisanat. Quelque chose qui soit plus concret que la photo, quelque chose que l'on puisse matérialiser et puis transmettre. Un projet personnel aussi, sans grand enjeu de production, avec une lenteur dans sa conception, dénué de saisonnalité, pour un aspect durable dans le temps. Un projet qui induise une relation avec un domaine que je ne connaissais pas.
J'ai mis plus d'une année, après des essais infructueux avec des ateliers, à concrétiser le rendu que j'avais en tête. Puis j'ai rencontré Benoît Audureau, son travail sur les textures et les émaux reflétait l'idée que j'avais de cette lampe. Humble, solide et sensible.
QUELLES SONT TES SOURCES D’INSPIRATIONS, TES INFLUENCES ?
Elles sont nombreuses. Des images, des paysages, des lieux, des expériences, des rencontres.
PEUX-TU NOUS EXPLIQUER TON PROCESSUS CRÉATIF ?
Comme j'ai travaillé dans des bureaux de style, j'ai gardé cette manie de faire de l'iconographie, de collecter les images, des bouts de matières, les dessins, de prendre des photos.
Je réunis tout le temps des petites choses, parfois sans importance. Puis je réalise quelques croquis, qui s'associent aux inspirations pour la matière, la couleur.
POURQUOI AVOIR CHOISI DE TE CONCENTRER SUR L'OBJET LAMPE ? QUE SYMBOLISE-T-IL POUR TOI ?
La lampe entretient à la fois un rapport concret au quotidien, et une dimension plus sensible procurée par la lumière.
C'est à la fois un objet utilitaire, mais aussi affectif. Elle a une valeur symbolique dans un intérieur, elle crée une atmosphère.
PEUX-TU NOUS PARLER DE TON RAPPORT AU GRÈS ? POURQUOI CE CHOIX DE MATIÈRE ?
Le grès, c'est la terre finalement. C'est un lien primitif que nous avons tous. Un rapport rassurant, direct, primaire, avec ce matériau qui est façonné depuis toujours par l'homme. Revenir à un rapport simple et essentiel à la matière.
QUELLE EST LA PIÈCE DONT TU ES LA PLUS FIÈRE ?
J'aime bien les pièces qui sont surprenantes, celles qui vont avoir des couleurs auxquelles on ne s'attendait pas. Lors de la cuisson, la couleur peut varier en fonction de la terre utilisée.
J'aime le modèle Halo, car le caractère unique de chacune des lampes est marqué. Les stries ne sont jamais identiques. On est loin de l'objet industriel en série, et d'une perfection lisse. Ici, le charme de l'objet vient de l'inattendu qu'implique le processus de fabrication.
PEUX-TU NOUS PARLER DE TA COLLABORATION AVEC BENOÎT AUDUREAU ?
Avec Benoît, la collaboration s'est faite très naturellement. Je crois que j'ai eu beaucoup de chance de tomber sur son travail, et qu'il accepte de prendre part à ce projet. C'est une personne très humble, qui n'est jamais lassée par la recherche, et les surprises qu'entraîne la céramique. J'aime son rapport sans fioriture à la terre. Une terre locale, qu'il fabrique lui-même. Sa manière de travailler est très inspirante, très authentique.
QU'EST-CE QUE LA MARQUE SESSÙN T'INSPIRE ?
Quand j'ai commencé mes études, c'était les débuts de Sessun. Depuis, j'ai suivi l'évolution de la marque. C'est une marque qui n'est pas figée, et qui appelle à la mixité des matières, des couleurs, des propositions. Sessùn m'inspire le voyage, et la liberté.
Y A-T-IL UNE ACTUALITÉ QUE TU AIMERAIS NOUS PARTAGER ?
J'ai beaucoup aimé l'exposition de Georgia O'Keeffe, son rapport à la couleur, à la lumière, à la simplicité. Sa vision de la nature au travers de ses peintures.
PEUX-TU NOUS EN DIRE PLUS SUR TES PROCHAINS PROJETS ?
Peut-être apprendre la céramique.
Photograhies : TIMOTHÉE CHAMBOVET